La prise de conscience, relativement récente, de la gravité des problèmes environnementaux, catalyse la mise en place de mesures de protection des écosystèmes majeurs de la planète. Le bassin méditerranéen semble s'imposer comme une des zones biogéographiques prioritaires de ce renforcement des politiques de protection. La forte croissance démographique et l'urbanisation grandissante ne constituent qu'une partie du phénomène de diversification et d'accentuation de l'anthropisation, qui menace la Méditerranée depuis quelques décennies. A cette pression démographique, il convient d'ajouter les flux touristiques qui viennent accentuer ces mécanismes de dégradation. Le littoral apparaît donc comme une zone fragile mais aussi une zone d'interface conflictuelle où il convient de mettre en place une politique coordonnée de protection.

Bien que relativement préservé au cours des dernières décennies, le littoral de la Corse et les écosystèmes à l'équilibre fragile qu'il abrite, est aujourd'hui directement confronté à ce type de problème. La mise en place d'outils juridiques de protection du littoral marin, tels que les cantonnements de pêche et les aires protégées sous toutes leurs formes législatives, constitue un début de réponse à ces dégradations. S'il existe plusieurs structures de ce type le long du littoral de la Corse, le Parc marin International des Bouches de Bonifacio (PMIBB) apparaît comme l'entité la plus importante tant en terme de surface, que par son caractère juridique international. En effet, cette zone de protection, décidée conjointement par les Ministres de l'Environnement de France et d'Italie, à Aoste le 31 octobre 1993, a pour objectif d'assurer la conservation d'un site exceptionnel à plus d'un titre. Le PMIBB se distingue :

- par la richesse des habitats et espèces remarquables qu'il abrite

- par leur état exceptionnel de conservation en Méditerranée occidentale

- par ses particularités géologiques, patrimoniales et architecturales.

L'objectif plus vaste fixé pour le PMIBB consiste donc à y maintenir un équilibre entre la préservation du milieu et les activités humaines telles que la pêche, le tourisme, la plongée sous-marine et l'aquaculture.

Cette approche vise donc à considérer l'ensemble des acteurs du milieu littoral, dans le but de concilier développement et préservation de la ressource.

L'établissement d'un état de référence écologique du milieu à gérer est donc une étape fondamentale à la mise en place d'une gestion efficace du littoral. Dans le cas du PMIBB, il convient de s'intéresser plus particulièrement aux herbiers à Posidonia oceanica (Linnaeus) Delile. En effet, le rôle de ces herbiers, en milieu littoral, est souvent assimilé, à juste titre, à celui exercé par la forêt en milieu terrestre. Ces herbiers constituent la base de la richesse des eaux littorales en Méditerranée, par les surfaces qu'ils occupent et surtout par le rôle essentiel qu'ils jouent au niveau biologique, dans le maintien des équilibres littoraux et des activités économiques concomitantes.

Les herbiers constituent un pôle de biodiversité exceptionnel, jouent un rôle de fixation du substrat et

constituent un puissant intégrateur de la qualité globale des eaux marines.

La cartographie de herbiers à Posidonia oceanica constitue donc un aspect essentiel de la mise en place d'une démarche de gestion intégrée du littoral. Les nombreux outils de cartographie benthique disponibles varient principalement en fonction du domaine d'intervention et des objectifs de l'étude. La télédétection aérienne s'est avérée être l'outil le mieux adapté à la réalisation de cartographies biocénotiques des fonds compris entre 0 et 20 mètres, alors que le sonar à balayage latéral semble mieux adapté aux zones plus profondes. Ces méthodes, associées aux Systèmes d'Informations Géographiques (SIG) constituent un outil incontournable pour la réalisation de cartographies benthiques.