Méthodologie d'identification des paysages hydrologiques:

Les indices hydrodynamiques, développés dans des études antérieures, sélectionnés ici sont les suivants :

- Salinité de surface (SS) : indice « panaches fluviaux ».

- Température de surface (SST, °C).

- Indices de stratification de la colonne d’eau : déficit d’énergie potentielle qui représente l’énergie nécessaire pour homogénéiser (en température, en salinité ou en densité) la colonne d’eau avec la masse volumique moyenne sur la colonne d’eau, la masse volumique à la profondeur z, la profondeur maximum (fixée ici à 100m), et la hauteur de la surface libre (Huret M., Struski C, Léger F, Petitgas P., Lazure P. and Sourisseau M. 2009. Modélisation couplée physique-biogéochimie du golfe de Gascogne sur la période 1971-2007. R.INT.DOP/EMH/ 2009-01.)

La turbidité peut également jouer un rôle sur la distribution spatiale des populations pélagiques. En référence aux espèces ichtyologiques, il peut être judicieux d'élargir la notion de biotope en prenant en compte le plancton, constituant l'alimentation de certaines populations ichtyologiques, et donc structurant leur distribution. C’est pourquoi l’ajout du paramètre Chlorophylle-a a été envisagée dans cette étude, en l'absence de données suffisamment synoptiques pour le zooplancton.

Sources de données:

Afin de décrire les propriétés physiques influant sur la répartition spatiale des populations, des mesures in situ de salinité et de température sur toute la colonne d’eau sont utilisées.

En Méditerranée, la climatologie MEDAR/MEDATLAS (2004) rassemble l’ensemble des mesures in situ collectées lors des campagnes océanographiques depuis plus d’un siècle. Des estimations par interpolation verticale permettent d’obtenir des moyennes mensuelles sur toute la colonne d’eau (à intervalles irréguliers). La résolution spatiale pour l’ensemble de la Méditerranée est de 0,2° mais une résolution plus fine, de 0,05°, est disponible sur une zone plus restreinte autour du Golfe du Lion, utilisée pour l’analyse. Cette zone ne couvre pas la totalité de la sous-région marine Méditerranée occidentale de la DCSMM, mais offre des résultats plus pertinents.

Concernant les trois autres paramètres, des estimations des moyennes mensuelles (de 2003 à 2010) de la température de surface et des concentrations en matières en suspension inorganiques et en chlorophylle a dans la couche de surface sont disponibles grâce aux images satellitales. La résolution spatiale de ces données est de 0,044° en longitude et en latitude (cf. contribution thématique « chlorophylle ») [10]. Les données de type climatologiques mensuelles utilisées ici ne permettent pas de capturer la variabilité spatio-temporelle associée aux structures hydrodynamiques à méso-échelle, qui caractérisent l’hydrodynamique de la Méditerranée. Ces structures transitoires, telles que les tourbillons, les zones de front et les upwellings, peuvent pourtant expliquer la distribution spatio-temporelle de certaines populations.

En outre, d’autres indices proposés dans les études antérieures, complémentaires au déficit d’énergie potentielle et décrivant de manière intégrée les caractéristiques de la colonne d’eau, n’ont pas été intégrés dans cette analyse (profondeur de la couche de mélange et gradient vertical maximum de température). Ces indices se sont révélés pertinents pour l’identification de paysages hydrologiques dans les autres sous régions marines de la DCSMM, mais calculés à partir des données MEDATLAS, ils n’ont pas permis d’identifier des structures hydrologiques pertinentes au regard des connaissances de l’hydrodynamique de cette région. En revanche, la température de surface, qui a été mise de côté pour l'analyse conjointe sur la Manche, les Mers Celtiques et le golfe de Gascogne, ceci afin d'éviter la trop forte stratification latitudinale qu'elle induirait sur la classification des habitats, a été prise en compte sur la zone Méditerranée bien plus limitée spatialement. De même la chlorophylle a, qui ne répond pas à l’objectif de cette étude d’identification de « paysages physiques » a participé, au même titre que les autres indices physiques, à l’analyse. L’ajout de ces deux variables a en effet permis de discriminer certaines structures hydrologiques jouant un rôle important dans l’hydrodynamique et la répartition des populations pélagiques dans cette région.